Championnat du Monde Enduro 2006


OSTERSUND (Suède) - 18 et 19 Mars
Commençons par les photos
Photos Samedi(328 photos).
Photos Dimanche(341 photos).

Avant de pouvoir parler de compétition, il faut commencer par s'y rendre. Une chose est sure, choisir la Suède, en plein hiver, c'était réaliser un saut dans l'inconnu. Entre la France, qui commence à sortir tout doucement de l'hiver et le pays hôte de la première manche du championnat du Monde d'enduro 2006, l'écart de température est assez conséquent. Départ de France jeudi matin, sous le soleil avec 10°C inscrit sur le thermomètre extérieur. Arrivée une grosse poignée d'heure plus tard, et le thermomètre voisine le -3°C.

Arrivé trop tard dans la nuit pour passer directement au paddock, cela se transforme en : " direction " l'hôtel et préparation de la journée du lendemain. Non sans avoir auparavant croisé de ci de là, quelques têtes connues, comme ce sympathique journaliste Allemand ou encore le président du jury (dans le même avion). Cela permet au moins de se remettre rapidement dans le " bain " anglophone. La préparation de la journée du vendredi se résume à extirper du sac de voyage les vêtements grands froids que l'on portera le lendemain, prévoir une tenue de rechange (au cas où), réviser une dernière fois la demie-douzaine de règlement qui gère la discipline (surtout les points nouveaux), et bien évidemment préparer le matériel photo. La dessus, un petit coup d'Eurosport et la nuit réparatrice commence vers 2h00 du matin.

Réveil tranquille, petit déjeuner copieux (penser aux calories) et à 08h00 départ pour le paddock, qui est à 5' de l'hôtel. Cela permet de croiser les rares pilotes Français qui ont fait le déplacement avant que la première réunion de jury ne débute. Pas besoin de tourner bien longtemps pour rencontrer les troupes tricolores. Tous les pilotes et les assistances ont été installés dans des hangars de l'armée suédoise, bien au chaud. En quelques minutes il est possible de croiser Seb GUILLAUME, Fabien PLANET et Freddy BLANC, ainsi que leur mécano attitré.

Avec Stéphane (le mécano de Seb'), rapide tour de la moto, histoire de voir les quelques modifications " suédoises ". Cela commence, par un cache latéral à gauche, qui part du réservoir et descend presque jusqu'au guide chaîne. Il a pour fonction de retenir un peu de chaleur autour du carburateur, histoire que l'essence ne gèle pas. L'intérieur des reposes pieds ont été entièrement siliconés, ainsi la neige et la glace ne peuvent s'y agglomérer. Simple, mais efficace paraît-il. Les deux poignées ont été garnies de résistances chauffantes, pour protéger du froid, les petits doigts du pilote. L'huile utilisée dans la fourche et le bas moteur à également été changée, à chaud elle est aussi liquide que de l'eau.

C'est donc à 09h00 que commence cette première réunion de jury. Réunion officielle. Après les vœux habituels de bienvenue, la directrice de course annonce d'emblée que ce sont les temps B qui seront appliqués pour la journée du Samedi. Il est prévu de réaliser le samedi et le dimanche, 5 tours d'un circuit de 35 km. Compte tenu des temps B choisis, cela donnera une journée de 6h30 de moto. Il y a 3 spéciales au menu, une enduro test (la ligne), une cross test (la banderolée) et une X'trem (pas vraiment extrême d'ailleurs). Elles devraient toutes être chronométrées dès le premier tour. Toutes les spéciales sont concentrées au même endroit, de sorte que l'on peut se rendre à pied de l'une à l'autre. Les " pré-riders " réaliseront un tour de reconnaissance à 11h00, et une fois n'est pas coutume, ce sera Guillaume PORTE qui fera office d'ouvreur pour la France. A son retour, ce qui ressort de ce tour de reconnaissance, c'est qu'il n'y a aucune difficulté majeure. Les temps semblent juste un peu courts pour le CH1 et trop longs pour le CH2. A part cela….

Dans la rubrique truc et astuce… Dans la voiture de location on peut trouver un cable électrique d'à peu près 2m de long, ainsi qu'un ventilateur posé à même le sol, à la place passager avant. En me garant près d'autre véhicules, je constate que leur câble est relié en extérieur , de la voiture à une borne électrique. Bon, ni une ni deux, je fais la même chose. Je découvre ainsi que le dit câble permet d'alimenter le fameux ventilateur, qui est en fait une mini soufflerie chauffante. De sorte que l'intérieur de la voiture est toujours à une température agréable, alors que dehors il peut faire -20°C. Je me coucherai un peu moins bête ce soir.

Comme en football, le " Français " s'exporte bien. Il y a eu les pilotes engagés par des team étrangers, comme M. GERMAIN qui roulait chez UFO CORSE. Maintenant c'est au tour de J. AUBERT. Mais on trouve également un ancien mécano de l'équipe de l'armée de Terre qui vit maintenant en Italie et met tout son savoir faire en œuvre pour le compte de TM. GAS GAS, quant à elle s'est offert les services d'un pilote-essayeur, G. PORTE, qui s'est donc expatrié en Espagne.

La deuxième réunion de jury conforte la majeure partie des informations données le matin. Ce sera bien temps B. Le parcours a été allongé de quelques kilomètre entre le CH1 et le CH2. Seule modification au programme, la spéciale en ligne ne sera finalement pas chronométrée au premier passage. Il s'ensuit, une petite soirée organisée par le club au cours de laquelle nous avons un mini barbecue sur le lac gelé, une fort sympathique balade en moto-neige et quelques tours de Quad (équipé de pneus à clous). Une chose est sure, le délégué Espagnol et le délégué Suédois ne sont pas à la fête sur le Quad, le délégué Slovaque est plutôt rapide, mais a une fâcheuse tendance à réaliser de splendides têtes à queue.

Mais le temps passe, le temps passe et nous voici samedi matin. On se croirait en France, 08h00 du matin, ciel gris, température voisine de 4°C et petite pluie fine. En gros, un temps d'enduriste. Heureusement que la neige qui recouvre encore la campagne, nous rappelle que nous sommes bien en Suède.

Comme à l'accoutumée, les premiers départs sont donnés à 09h00 par groupe de 2 pilotes, dans l'ordre des catégories suivant ; E1, E2, E3 et Junior. C'est parti pour 5 tours de 35 km, et 14 spéciales. Le première des spéciales rencontrée est la ligne. Donc pas de confrontation pour l'instant, chacun prend gentiment ses marques. A peine sorti de la spéciale et voilà le CH1. A signaler au passage que le CH1 et le CH2 sont placés l'un à côté de l'autre. Si par mégarde on ne pointe pas au bon, et bien on repart sur la même boucle. Méfiance donc. Si les pleins d'essence sont réalisés en extérieur, le reste de la mécanique a lieu dans 2 grands hangars chauffés. C'est presque royal, à ceci près que du coup les assistants restent presque tout la journée enfermés. Mais bon, on ne peut pas tout avoir non plus.

Après le CH1 donc, petit tour dans la forêt et direction la 2e spéciale qui est la banderolée. Elle est entièrement plate. Entre le point le plus bas et le plus haut il ne doit guère y avoir plus de 4m de dénivelé. Cela n'empêche pas les gros bras de s'expliquer copieusement. On remarque alors rapidement 3 choses. Les bons pilotes le sont toujours, le seul qui traîne un peu est S. MERRIMAN, et dans le rôle du petit nouveau qui surprend tout le monde nous trouvons J. AUBERT. Un " petit " Français bien de chez nous, qui roule sous licence Italienne dans le Team UFO CORSE. A suivre de très près…

A peine sortie de la banderolée et tout ce petit monde plonge dans l'X'Trem. Elle se situe sur le stade de tir du biathlon, à l'endroit ou se sont tenues cette année, quelques manches du mondial de biathlon. Les obstacles se résument à un seul type ; un pont métallique recouvert de grandes planches de contreplaqué (voir photos). On dénombre 8 de ces structures. Rien d'hyper spectaculaire, mais cela opère tout de même une certaine sélection ; monter sur une planche en bois, avec des pneus cloutés et la plupart du temps sans élan, ce n'est pas donné à tout le monde. Certains, donc F. BLANC vont d'ailleurs y laisser quelques précieuses poignées de secondes. C'est ainsi que se termine le tour, 1 ou 2 km de liaison et c'est le CH2.

Après on prend les mêmes et on recommence 4 fois le tout. Le même schéma se reproduit toute la journée, D. KNIGHT écrase tout le monde ou presque , S. MERRIMAN n'est pas au mieux, F.BLANC manque encore de rythme, et le petit nouveau de la bande J. AUBERT est pas mal du tout. Quant au tout jeune C. GUERRERO (il roulait en junior en 2005), il pointe 2 secondes en retard au dernier CH du jour (celui d'entrée de parc fermé) et prend du coup une minute de pénalité, dommage il était 10e en E1 avant cela.

Pour à peine plus d'une seconde D. KNIGHT remporte le scratch général (devant ARO). Hormis notre anglais-extra-terrestre, toutes le catégories sont dominées par les pilotes nordiques. Au cours de cette première journée, les petits Français ont fait plus que limiter la casse, ils sont la plupart du temps 1er non nordiques. C'est ainsi que J. AUBERT prend la 3e place en E2 et Seb GUILLAUME la 4e en E3. F. PLANET est lui 6e en E2. Quant à F. BLANC il prend la 14e place en E1.

Lors de cette première journée nous avons eu l'agréable surprise d'entendre un speaker commenter, de temps en temps, la course en français. En fait c'était un choix délibéré de l'organisation qui souhaitait " s'internationaliser " un peu. Et l'histoire de ce speaker est assez particulière. Il avait également la fonction de traducteur lors des réunions de jury. Ce traducteur-speaker est fait Congolais, et avocat. Certains événements dans son pays d'origine (où l'on parle très bien le Français) l'ont conduit à émigrer. Aussi bizarre que cela puisse paraître, au lieu de partir vers un pays francophone, il a choisi la Suède et plus particulièrement Ostersund. Cela se passait un hiver, il y a 2 ans. Il est ainsi brutalement passé de +30°C à -15°C. Il ne parlait pas un mot de Suédois. Deux ans plus tard, il le parle couramment et avoue même craindre des températures supérieures à 20°C.

Au rayon curiosité nordique, on peut noter l'entrée payante de la spéciale X'trem, mais aucune palissade, ou clôture ou fermeture quelconque sur les côtés. Du coup c'est une véritable passoire. Mais le plus étrange, c'est que les Suédois, malgré tout, passent par la caisse. Va comprendre Chrales…

En ce samedi soir, se déroule la 3e réunion de jury. Lors de celle-ci, hormis le fait que l'on y valide les résultats du jour, on nous relate les principaux événements de la journée et l'on y recueille les informations permettant de préparer la journée suivante. Le responsable médical nous apprend ainsi qu'il n'a eu aucun blessé dans son unité de soins. La directrice de course annonce qu'elle a disqualifié 3 pilotes juniors pour CH manquant ou non arrêt à un CH. La palme revient à J. KUBACEK qui a ainsi " raté " 6 CH. Hors réunion le délégué Tchèque nous a expliqué que ses 2 pilotes sont tout jeune et que c'est leur première participation à Mondial d'enduro. Et pour eux, le transpondeur suffisait. Ils n'ont donc pas jugé utile de s'arrêter pour se faire pointer. La directrice de course annonce également que demain les pilotes rouleront en temps B, que toutes les spéciales seront chronométrées dès le premier tour et que la météo annonce -6°C sur la région et des possibilités de chute de neige dans l'après midi.

Bien, la dessus un bon repas avec mes " nouveaux amis " Espagnol et Slovaque (tous deux délégués de leur fédération), une bonne nuit de sommeil et demain sera un autre jour.

Rayon anecdote ; juste avant de fermer les paupières, un bref coup d'œil sur la chaîne de télévision nationale m'a permis de voir le début du match Le Mans-Nantes. Du foot Français en Suède…

Et voilà que débute la 2e journée de ce Grand Prix. Première remarque ; la météo Suédoise n'est pas au mieux de sa forme. Petit coup d'œil par la fenêtre avant le petit déjeuner. Le temps est bien couvert, il neige abondamment et il y a un joli brin de vent qui fait passer la neige à l'horizontale. Brrrrr, va falloir enfiler les épaisseurs ce matin, et prévoir un thermos d'eau bien chaude.

A une question d'un papy Suédois qui me demandait comment je m'étais " couvert " pour ne pas avoir froid, je lui ai expliqué que j'avais mis en dessous ma tenue de coureur à pied (caleçon long et maillot à manche longue, le tout en polyester), avec des chaussettes de ski montant aux genoux, je passe les détails sur le reste de la tenue. Devant ses félicitations pour avoir choisi des " dessous " adéquats, je n'ai pas osé lui dire que j'avais triché en allant lire sur internet les recommandations de l'organisation pour les non-nordiques que nous sommes. Point primordial ; prohiber les sous-vêtements en coton qui n'évacue pas l'humidité. Du coup après un bon coup de transpiration, le vêtement est mouillé, et le reste, dui coup on attrape froid. Alors qu'avec le polyester… Mais arrêtons le cours vestimentaire.

La journée du dimanche commence donc avec une météo disons le " moyen-moins ". Coup de chance, vers 8h30, la mini-tempête de neige s'arrête. La direction joue alors la carte de la sécurité et annonce que l'enduro test et l'X'trem ne seront pas chronométrée au premier tour, la neige à recouvert les traces et on ne voit plus les ornières gelées. Cela ne change rien sur le reste du programme, ce sera bien départ à 9h00 pour 5 tours en temps B, et le parcours est emprunté dans le même sens qu'hier.

Aussi étrange que cela puisse paraître, tous les pilotes repartent ce matin. Ils étaient 91 samedi matin, ils sont donc également 91 ce matin. Comme on le dit souvent, on prend les mêmes et … Heureusement l'histoire ne se répète pas toujours. Si KNIGHT domine encore une fois la catégorie E3, ce n'est cependant pas lui qui réalise le meilleur temps au général. C'est S. ARO qui s'en charge, avec 10 secondes de mieux que le britannique. Même à distance, le duel est impressionnant. Et derrière on n'est pas là non plus pour amuser la galerie. CERVANTES, grâce à des spéciales en ligne de folie atomise toutes la concurrences en E1, Suédois et Finlandais inclus. J. AUBERT le " rookie " 2006, confirme ce qu'il nous a montré samedi. Il est rapide, très rapide dans les ornières gelées. Son pilotage rappelle celui d'un certain " PETER ", c'est fluide, sans heurt, à la limite ce n'est pas impressionnant, mais c'est très efficace. D'autres le compare à un J. SALMINEN. S'il confirme au Portugal puis en Espagne, ce garçon là sera un client rudement sérieux en E2. Comme en prime, il est d'une disponibilité et d'une gentillesse remarquable, il pourrait bien avoir de nombreux fans. Notre Fabien à nous s'améliore en ce deuxième jour nordique, il prend la 4e place, et devance ainsi à la régulière S. MERRIMAN. Seb' GUILLAUME est un tout petit peu moins bien que la veille (6e), à moins que ce ne soient les autres qui aient tout lâché aujourd'hui. Et même si KNIGHT a encore vaincu la concurrence nordique, Seb' reste le 2e non-scandinave sur cette étape. F. BLANC a augmenté la cadence, le rythme semble revenir assez rapidement. Malheureusement la 3e XT lui est fatale. A l'amorce de l'avant dernier pont métallique, la chaîne saute. Puis la moto se montre récalcitrante à redémarrer (pas de bouton magique, il l'aura pour le prochain grand prix). Bref, dans la bataille, il y laisse 3 minutes. Cela lui faire perdre le bénéfice d'une 9e ou 10e place sur la journée. Dommage…Ceux qui avaient commis quelques erreurs la veille, ne les ont pas reproduites. GUERRERO a bien pointé à l'heure au dernier CH. Quant aux deux jeunes Tchèques, ils se sont arrêtés à tous les CH. N'allez pas croire que la journée et le parcours furent faciles, mais aujourd'hui un seul pilote a pris des pénalités, un suédois, c'est bien çà le comble.

Et voilà, le premier grand prix de la saison 2006 et le premier " winter enduro " de l'histoire du mondial vient de se terminer. Nous avons eu froid, mais pas trop. Nous avons eu de la neige, mais pas trop. Nous avons eu un tut petit peu de pluie, mais pas trop. Il n'y a eu aucun blessé. Nous avons pu voir de belles bagarres, dans des paysages inhabituels. Et même si beaucoup ont trouvé le parcours trop court et la spéciale X'Trem un tantinet inintéressante, l'impression générale qui se dégage de cette épreuve est plutôt agréable. L'organisateur est même déjà candidat pour le deuxième " winter-enduro " qui aurait lieu à la même époque, sur le même site, la saison prochaine. Mais ce sera à la FIM de décider.

Il semblerait que le dimanche, les Suédois reste… chez eux. Il y eu moins de spectateurs le dimanche que le samedi. Des mauvaises langues (suédoises en plus) nous ont susurré au creux de l'oreille que le samedi, le suédois sortent et que le dimanche…….. Ils cuvent…Ceci explique peut-être cela.

Samedi, comme Dimanche, avaient lieu des démonstrations de free style, à côté de l'X Trem. Si une partie était plutôt conventionnelle, et donc à moto, la deuxième était carrément bluffante (enfin cela n'engage que moi). Parce que la deuxième mettait en action des moto-neige. Même prise d'élan, même tremplin, même zone d'atterrissage et le plus fort mêmes figures (hormis le looping), mais le tout avec des moto-neige. Là, j'en suis resté baba… Malheureusement vous ne verrez pas de photo ici, j'étais trop loin !

Voilà, c'est tout pour ce premier grand prix. S'ils n'étaient que 4 en Suède, il y a fort à parier que les rangs tricolores vont s'étoffer pour le Portugal et l'Espagne. Mais cela, c'est une autre histoire/

Fin de la transmission.



Retour au sommaire